
Évolution projetée de la température en surface pour la fin du XXIe siècle (2090-2099) par rapport à la période 1980-1999, selon les projections moyennes obtenues avec plusieurs modèles de la circulation générale couplés atmosphère-océan pour le scénario A1B du SRES. 4e rapport du GIEC, 2007
Dans le vidéo inséré dans l’article précédent, on observe clairement qu’il se passe quelque chose de particulier au pôle nord. L’Arctique se réchauffe actuellement 2 à 3 fois plus rapidement que la moyenne du globe. Dans certaines régions de l’Alaska, du Canada et de la Sibérie, les températures hivernales ont augmenté de 3-4°C au cours des 50 dernières années. Pourquoi l’Arctique se réchauffe-t-il si rapidement? Plusieurs facteurs entrent en jeu, mais le principal est la boucle de rétroaction positive banquise-albedo (ice-albedo feedback). La banquise arctique, dont la diminution est actuellement plus rapide que ne le prédisent les modèles, reflète vers le ciel environ 80% de l’énergie solaire qui la frappe (ce taux varie selon les régions et les saisons). À l’opposé, une mer libre en absorbe plus de 80%. L’impact de la fonte de la banquise sur le bilan énergétique de la région est donc majeur.
Un effet similaire se produit aussi au-dessus des terres polaires, qui sont désormais moins longtemps recouvertes de neige, et dont la surface plus sombre est en mesure d’absorber plus d’énergie. En arctique, un léger réchauffement initie donc une série de réactions qui ont pour effet d’amplifier le réchauffement original. C’est une boucle de rétroaction positive, communément appelée « effet boule de neige » : plus il fait chaud, plus la banquise fond, plus la banquise fond plus il fait chaud. D’autres facteurs complexifient la situation, comme les courants marins, les patrons de circulation atmosphérique et les aérosols. L’amplification arctique est un cas particulier de rétroaction climatique positive.
Dans ce type de réaction non-linéaire, des seuils de non-retour peuvent être franchis qui poussent un système hors de sa zone d’équilibre et entraînent sa reconfiguration dans un nouvel état. Ainsi, plusieurs prévoient que passé un certain point, la fonte de la banquise s’accélérera et deviendra irréversible. D’autres amplifications, liées à la présence de méthane dans le permafrost et sur les plate-formes océaniques de l’arctique, pourraient être déclenchées si le réchauffement de l’arctique atteint un seuil critique.
Dans un contexte plus large, l’hémisphère nord se réchauffe lui-même plus rapidement que l’hémisphère sud en raison de ses importantes masses continentales, qui réagissent plus rapidement à l’augmentation des températures que les océans, caractérisés par leur grande inertie thermique.
Rappelons enfin que cette amplification du réchauffement en arctique est prédite par les scientifiques depuis nombre d’années et qu’elle est actuellement en train d’être vérifiée empiriquement dans le monde réel.
Un article sur le site de la NOAA
Merci de l’explication! Ça fait beaucoup plus de sens que mon hypothèse. Tu devrais adorer Terres de glace qui va passer à Découvertes à partir du 12 Février:
http://www.radio-canada.ca/emissions/decouverte/2011-2012/Reportage.asp?idDoc=199497&autoPlay
J’ai déjà écouté la version anglaise (The Frozen Planet) deux fois. La vue de la fonte de la calotte glacière au Groenland est particulièrement sidérante. Le documentaire met surtout l’accent sur les écosystèmes polaires, mais le réchauffement est également un thème central.
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Comment comprendre alors qu’en 2017 la banquise arctique estivale était plus étendue qu’en 2016 ? L’albédo n’a pas joué ? J’ai fait une croisière d’expédition cet été en août 2017 et l’itinéraire a dû être modifié car le Cap nord était totalement pris dans les glaces, la banquise plus étendue que prévue (plus qu’en 2016). Nous avons dû passer par le sud de l’archipel du Svalbard pour remonter vers le nord.
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